«Je regarde en arrière sur ma vie et je vois trois périodes: d'abord l'enfant prodige, puis compositeur d'opéra en Europe, et maintenant compositeur de films. Je pense que je dois prendre une décision si je ne veux pas passer le reste de ma vie de musicien à Hollywood», écrivait Erich Wolfgang Korngold (1897-1957) en exil à Hollywood après la Seconde Guerre mondiale.

Le compositeur aux origines juives a dû quitter l'Autriche nazie en 1938 . Il a trouvé refuge auprès de Max Reinhardt au Studio Warner Bros., avec qui il a signé un contrat d'exclusivité en tant que compositeur de films. Son langage musical romantique tardif, très expressif, accompagne de nombreuses productions, d'abord des films d'aventures comme Les Aventures de Robin des Bois, puis des mélodrames. Ce faisant, il affirme son autonomie artistique, croit que ses compositions peuvent exister au-delà de l'écran et espère même que son travail pour Hollywood "conduira éventuellement à la création d'opéras complètement modernes pour l'écran".

Après avoir contribué à plus d'une quinzaine de films, Korngold a quitté Hollywood, mais il ne pouvait plus prendre pied dans le monde de la musique classique. Son nom était contaminé par "Hollywood" et "la culture underground". Il a été accusé de sonner comme une musique de film avec sa musique d'une tonalité convaincante, parfois voluptueuse. Mais n'est-ce pas l'inverse? Après le travail de Korngold pour le cinéma, Hollywood ne sonne-t-il pas comme son son dans l'esprit du romantisme tardif autrichien?

Dans notre morceau du jour, prêtons l'oreille à l'une de ses chansons, interprétée par Danièle Patz, accompagnée par Robert Kania au piano.

(crédit: Deutsches Historisches Museum)