Mozart -230 

Lorsqu'on sut que Mozart était à Berlin, tout le monde, jusqu'au roi Frédéric-Guillaume, lui fit le plus grand accueil. On sait que ce prince, non seulement récompensait magnifiquement les musiciens, mais qu'il pouvait même passer pour un virtuose ou au moins pour un amateur distingué, Mozart fut obligé, tant qu'il fut à Berlin, de venir improviser tous les jours à la cour; souvent même le roi l'engagea à faire sa partie dans les Quatuors que l'on exécutait dans son cabinet. 

Un jour qu'il était seul avec lui, Guillaume lui demanda, ce qu'il pensait de la chapelle de Berlin? Rien n'était plus étranger au caractère de Mozart que la flatterie; il répondit au roi  «Sire , votre chapelle possède une foule de virtuoses distingués, et nulle part je n'ai entendu exécuter des Quatuors comme ici; mais ces messieurs réunis pourraient faire beaucoup mieux encore.» Frédéric-Guillaume fut charmé de sa franchise, et il lui dit en souriant: «Eh bien! restez avec moi; vous seul pouvez effectuer ce que vous avancez. Je vous offre par an un honoraire de 5.000 Reichsthaler» - «Quoi! il faudra donc que je quitte mon bon empereur?» répondit Mozart pensif et attendri; et il garda le silence. On saura qu'alors l'empereur laissa ce grand artiste dans le dénuement le plus absolu. Le roi fut touché de son embarras; et ajouta: «Eh bien, pensez-y, mes offres subsistent toujours, quand même vous ne viendriez ici que dans un an.» 

Depuis le roi a raconté lui-même cette anecdote à la veuve de Mozart, lorsque, quatre ans après la mort de son mari, elle se rendit à Berlin, où elle fut généreusement aidée par ce prince...

(extrait du livre Anecdotes sur W.G. Mozart par Friedrich Rochlitz, paru en janvier 1801)

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