YOUKALI - Kurt Weill en exil à Paris 

Dimanche, pour la reprise des concerts présentiels, LYRIC SUITE avait invité... les allemands pour un tour de chants et de chansons de compositrices et compositeurs germaniques, parmi lesquels Kurt Weill (1900-1950).

Kurt Weil émigre à Paris en mars 1933... et signe un nouveau contrat  chez l'éditeur parisien Heugel. 

Le 7 juin de la même année, son ballet Les Sept Péchés capitaux («Die Sieben Todsünden»),  sur un argument de Brecht, est créé à Paris, au Théâtre des Champs-Élysées, sous la direction de Maurice Abravanel et dans une chorégraphie de Georges Balanchine.

Le 26 novembre, lors d'un concert à la Salle Pleyel, où des extraits du Silbersee sont joués, le compositeur Florent Schmitt, hurle  «Vive Hitler!», soutenu par une partie de la salle. Des journaux parisiens s'en prennent à Kurt Weill, dénonçant  le «virus judéo-allemand». 

La même année, Weill rencontre Jean Cocteau, et compose une musique pour l'un de ses poèmes, en allemand, Es regnet (Il pleut). 

Ich frage nichts. 
Ich darf nicht fragen, 
Denn du hast mir gesagt : « Frage nicht ! » 
Aber kaum höre ich deinen Wagen. 
Denke ich : Sagen, oder nicht sagen ? 
Er hat alles auf dem Gesicht. 
Glaubst du denn daß nur der Mund spricht ? 
Augen sind wie Fensterglas. 
Durch alle Fenster sieht man immer, 
Schließt du die Augen ist es schlimmer. 
Meine Augen hören etwas, 
Etwas anderes meine Ohren, 
Für Schmerzen bin ich denn geboren 
Laß mein Gesicht am Fenster, laß ; 
Die Sonne darf jetzt nicht mehr scheinen ! 
"Es regnet," sagt das Fensterglas. 
Es sagt nur was es denkt ! 
Laß uns zusammen weinen... 
...zusammen weinen... 

Pour la radio, Kurt Weill compose la musique pour «La Complainte de Fantomas» de Robert Desnos (musique perdue), donnée le 3 novembre 1933. Cette  musique a été reconstituée  «de mémoire». Elle a été remontée le 20 novembre 1960 avec Léo Ferré, François Maistre, Roger Blin, Henri Virlojeux, Henri Cremieux, Sylvia Monfort...

En mai 1934, deux chansons sont créées, sur des poèmes de Maurice Madre (1877-1941), pour Lys Gauty (1908-1994) : Je ne t'aime pas et La complainte de la Seine.

Le 11 octobre 1934, Bruno Walter dirige la deuxième symphonie de Kurt Weill au Concertgebouw d'Amsterdam. 

Dans la suite Weill compose la musique de scène et les chansons pour Marie Galante, une pièce de Jacques Deval, créée au Théâtre de Paris, le 22 décembre 1934, avec Pierre Alcover (Staub), Valéry Inkijnoff (Tsamatsui), Serge Nadaud (Crawbett), Massoudre Gallet (Galler), Joe Alex (Josiah), FLorelle (Marie), Léda Swan (Poldine), Yvonne Yma (Tapia), Nita Raya (Gloria), Junie Astor (Soledad)...

Parmi les 14 numéros musicaux figure un tango-habanera instrumental qui sera complété en 1935 avec des paroles de Jean Vernay, et portera le titre de «Youkali» (en podcast et Instaclip ci-dessous avec Danièle Patz, soprano, et Klauspeter Bungert, piano).

Le 10 septembre 1935 Kurt Weill, accompagné de sa conjointe Lotte Lenya, arrivera à New York, pour assurer la création, en décembre, de Der Weg der Verheissung, américanisé sous le titre de The Eternal Road...

(source: musicologie.org)

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